Surpoids et obésité : pourquoi les régimes restrictifs sont de faux amis

Les régimes aux promesses alléchantes, c’est le miroir aux alouettes. Sur la durée, il ne tient jamais ses promesses. Alors qu’un Français sur deux est aujourd’hui en situation de surpoids ou d’obésité¹ et que le marché de la minceur déploie de gros moyens de communication pour vanter des résultats miracles, la tentation est grande de confier ses kilos en trop aux propositions commerciales alléchantes.

Sauf que les conséquences des régimes restrictifs qui proposent des solutions rapides pour une perte de poids spectaculaire cumulent de nombreux inconvénients pour la santé physique mentale et, la plupart du temps, sont voués à l’échec².
Le jeune acteur Ted Étienne, qui a joué dans le dernier « Astérix et I’Obélix » de Guillaume Canet et dans « Perturbations », le court-métrage de Jérôme Genevray qui met en évidence l’impact des discriminations sur les personnes en situation d’obésité, a été témoin de ce fiasco. A 32 ans, il reconnaît avoir tenté l’expérience à plusieurs reprises. « Oui, je suis passé par la case régime et je les soupçonne très fortement de m’avoir fait grossir. Je maudis ces régimes qui sont vendus à grands coups de publicité et qui coûtent très cher. A cause d’eux, j’ai connu l’effet yo-yo et ils m’ont fait plus de mal que de bien ».

Plus de mal que de bien, car, outre la perte de poids espérée, les effets d'un régime amaigrissant sont multiples et souvent sous-estimés³. Il est, en effet, important de bien comprendre les risques potentiels associés à ces régimes. A commencer l’impact de la restriction calorique excessive.
Les régimes très restrictifs peuvent entraîner une consommation insuffisante de calories. Cela signifie que la personne qui s’engage dans ce type de régime consomme beaucoup moins de calories que ce dont son corps a besoin pour fonctionner normalement.
Cela peut entraîner une perte de poids rapide, mais aussi des conséquences néfastes pour la santé comme une perte musculaire, des carences nutritionnelles et des sensations de faiblesse.

Dans certains cas, ils peuvent contribuer au développement de troubles de l'alimentation, tels que l'anorexie ou la boulimie.
Outre le fait qu’ils peuvent coûter cher, la plupart des régimes restrictifs sur le plan alimentaire ne sont pas durables à long terme. Cette situation entraîne généralement une reprise du poids perdu après avoir stoppé le régime. On appelle ce phénomène l’effet yo-yo.

Non seulement, on reprend le poids perdu, mais la plupart du temps, on en gagne davantage, car une résistance à l’amaigrissement s’installe progressivement. En 2022, des chercheurs spécialisés en nutrition ont confirmé cette réalité : dans leur étude, ils estiment qu’après un régime trop restrictif, le corps « se venge » en accumulant rapidement des graisses⁴.
Cette fluctuation de poids peut avoir des conséquences négatives sur la santé, notamment une pression artérielle instable, un métabolisme ralenti et un risque accru de maladies cardiaques.

Les conséquences des régimes drastiques peuvent aussi agir sur la santé mentale. Ils peuvent engendrer de l'anxiété, provoquer une dépression et développer une obsession malsaine à l'égard de la nourriture et du poids⁵.

L’une des répercussions neuro-hormonales de ce rationnement excessif et dangereux, c’est l’apparition d’une baisse de la motivation.

On le sait aussi, les régimes stricts peuvent entraîner des carences en nutriments essentiels tels que les vitamines, les minéraux et les macronutriments. Cela peut avoir un impact sur la santé à long terme et entraîner des problèmes de santé tels que la fatigue, la faiblesse musculaire, les troubles gastro-intestinaux, etc.⁶

Une perte de poids trop rapide et trop importante peut altérer le fonctionnement de l’organisme au niveau rénal, cardiaque et osseux.

Par le biais des régimes drastiques, la perte de poids peut entraîner une perte de masse musculaire, ce qui peut nuire à la force physique et à l’état de santé général. A terme, une sensation de faiblesse s’installe.

De plus, ces « solutions miracle » créent des frustrations et peuvent conduire à chercher des compensations alimentaires. Marie-Pierre Houdart-Grandsire, psychologue clinicienne qui travaille dans le service nutrition spécialisé dans l’obésité de l’hôpital de Rouen, analyse le phénomène.  « La plupart de mes patients me disent avoir fait au moins une dizaine de régimes. Ils ont tout testé. Ils reconnaissent qu’aucun n’a fonctionné parce qu’il s’agit d’un cercle vicieux qui génère de la frustration. Et qui dit frustration dit compulsion alimentaire. Là encore, il faut stopper les interdictions. Il n’y a plus d’aliments interdits, comme disent les diététiciennes de l’équipe pluridisciplinaire. Le chocolat oui, les bonbons oui, mais avec la régulation et les exercices que nous mettons en place. Le fait d’avoir accès à ces aliments permet de pondérer la consommation. »

On l’aura compris, le régime aux promesses alléchantes produit l’effet inverse de celui recherché⁷. La clé pour gérer son surpoids ou son obésité de manière saine est d'adopter un mode de vie équilibré qui inclut une alimentation saine, une activité physique régulière et le soutien d’un médecin, d’un nutritionniste, d’un diététicien et/ou d’un coach d’activité physique adaptée.

Les kilos en trop peuvent se réguler, mais il est essentiel de consulter un professionnel de santé avant d'entreprendre un régime ou un programme de perte de poids. Ce spécialiste vous accompagnera dans les évolutions possibles de votre alimentation et vous proposera une prise en charge personnalisée. Car le régime doit être adapté au sujet et tenir compte de ses activités, de son état de santé, de ses habitudes alimentaires et de ses goûts⁸.

Perdre du poids oui, mais de manière sécurisée et appropriée à chaque patient.