Prise en charge de l’obésité : la clé, c’est le protocole personnalisé

L’obésité est une maladie complexe et multifactorielle.¹ Et chaque patient est un cas à part. Ce qui fait dire au professeur Arya Shazam, directeur scientifique d’Obésité Canada et clinicien spécialisé dans le traitement de l’obésité depuis vingt ans, « qu’aucune stratégie de prise en charge unique ne fonctionnera pour tous les patients ». Traduction : le protocole de prise en charge de l’obésité doit être adapté aux besoins du patient et peut évoluer au fil du temps.

Cette prise en charge peut reposer sur un ou plusieurs traitements différents, simultanés ou non.² Pour les uns, le suivi d’une thérapie comportementale peut suffire, pour certains, un traitement anti-obésité peut donner de très bons résultats, pour d’autres, la chirurgie bariatrique peut être conseillée.

Tout d’abord, la prise en charge doit se fixer des objectifs atteignables et durables dans le temps.³ A ce titre, la première étape consiste à rencontrer un professionnel de santé. Il peut s’agir de son médecin traitant ou d’un spécialiste qui intervient dans les questions de poids et de surpoids.

Dans le cadre d’une prise en charge diététique, le médecin prendra en compte votre rapport à la nourriture. Pas question bien sûr de prescrire un régime inefficace et mauvais pour la santé⁴, mais plutôt de modifier durablement les habitudes alimentaires. Cela peut passer par des conseils simples et personnalisés tenant compte des rythmes alimentaires, des goûts, des contraintes extérieures et des troubles du comportement alimentaire.

Le médecin peut aussi proposer un travail sur l’équilibre alimentaire et la densité calorique des aliments pour aider le patient à faire des choix plus appropriés. Il peut également conseiller de travailler sur la mastication et la satiété afin de réduire les quantités.

Pour les plus jeunes, l’Etat français a déployé, partout dans l’Hexagone, le dispositif « Mission : retrouver ton cap » dans le cadre du Plan nutrition santé 2019-2023.⁵ Objectif : permettre aux enfants âgés de 3 à 12 ans en surpoids ou à risque d’obésité de bénéficier d’une prise en charge qui associe la diététique, le soutien psychologique et l’activité physique.⁶

> Obésité infantile : le dispositif « Mission : retrouve ton cap » déployé dans toute la France

L’activité physique constitue un ressort important de la prise en charge de l’obésité. Pas la peine de vouloir courir un marathon tous les jours. Individuelle ou collective, l’activité physique mise en place doit tenir compte de l’état de santé du patient, de son activité de base, des handicaps ou barrières comme l’accessibilité aux équipements ou l’image de soi.⁷
Dans le cadre d’une prise en charge encadrée, l’éducateur sportif et l’équipe soignante donnent au patient des conseils adaptés, apportent des solutions en cas de difficultés, encadrent et soutiennent les patients dans leurs activités.⁸ Il n’y a pas de contre-indication à augmenter son activité physique qui peut simplement consister à être plus actif dans sa vie courante.

Aller faire ses courses à pied ou prendre l’escalier plutôt que l’ascenseur oxygène autant le corps que l’esprit. Ce qui compte, c’est de trouver des façons agréables d’être physiquement actif chaque jour. Du plaisir, pas de la souffrance !

On le sait, notre corps et notre esprit sont profondément connectés. Les thérapeutes comportementaux travaillent sur les aspects psychologiques de la prise en charge du poids. Ils aident à identifier les schémas de pensées, d’émotions et de comportements.⁹ A ce titre, le suivi psychologique permet de prendre en charge les troubles psychologiques éventuels associés à l’obésité.¹⁰
Les séances permettent de travailler avec le patient sur ses attentes et son objectif pondéral, de réfléchir sur son rapport à l’alimentation et d’explorer les causes de la prise de poids et des troubles du comportement alimentaire. L’objectif consiste également à aider le patient à sortir de la restriction et de la culpabilité et à renforcer son estime de soi.¹¹

Ce suivi psychologique peut s’inscrire dans le dispositif « Mon Psy » lancé en 2022 par le gouvernement français. Ce programme permet aux patients qui souffrent de trouble du comportement alimentaire de bénéficier, sur prescription médicale, d’un accompagnement psychologique remboursé par l’Assurance maladie et les organismes complémentaires.¹²

Autre volet possible d’une prise en charge personnalisée : le traitement médicamenteux. Celui-ci intervient généralement après l’évaluation par le professionnel de santé des stratégies basées sur l’alimentation, l’activité physique, le suivi psychologique et les approches comportementales.¹³
La chirurgie bariatrique est une autre approche mais n’est pas anodine. Comme le dit le professeur Jean-Pierre Faure du CHU de Poitiers, « à chaque patient, un type d’intervention (…). Il ne faut pas opérer tout le monde, car la chirurgie de l’obésité s’adresse à un patient bien préparé ».¹⁴

De façon générale, ces opérations réduisent l’appétit et la quantité de nourriture qu’une personne peut manger en une seule fois.¹⁵ On a observé qu’elles induisaient des modifications métaboliques et hormonales¹⁶ qui jouent un rôle majeur dans la régulation du poids et permettent de prévenir la reprise de poids. A condition toutefois de respecter, à vie, les recommandations alimentaires du diététicien ou du nutritionniste.