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Obésité

Quand la danseuse du Mur de Bordeaux s'affiche, c'est la tolérance qui s'anime

Membre de l’association Pôle Magnetic, l’artiste Monsieur K. a conçu une œuvre éphémère qui connaît une deuxième vie animée en vidéo. Cette prouesse allie concept artistique, sensibilisation, éducation et santé publique.

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Woman speaking to doctor

Sur le Mur de Bordeaux, elle a attiré le regard des passants durant quelques jours seulement. Le temps de sa création, celui de son exposition, puis celui de l’effacement. Car c’est une oeuvre éphémère que l’artiste de rue, Monsieur K., a réalisé en un temps record sur le mur extérieur de l’école primaire Stendhal, dans le cadre de la Journée mondiale de l’obésité le 4 mars 2024. 

Là, place Jean-Paul-Avisseau, en plein coeur du quartier Chartrons, le dessin de la danseuse ballerine, dont les pointes effleurent avec légèreté une boîte à musique surgit du siècle dernier, s’est mué en fresque messagère.  A coups de contours noirs, de tracés délicats et touches de couleurs harmonieuses, l’œuvre a surgi du néant blanc comme pour donner le signal du concours ‘’Nos dessins pour l’avenir’’ réservé aux 7-13 ans. Un concours plein d’enthousiasme et d’énergie, ouvert jusqu’au 31 décembre prochain, et destiné à déconstruire les fausses croyances qui entourent l’obésité, aussi bien dans la cour de récréation que sur les réseaux sociaux.

Concept artistique et engagement

Avec finesse et subtilité, Monsieur K. a délivré son oeuvre temporaire à l’acrylique et, par un tour de magie technique, lui a accordé le mouvement perpétuel et la vie éternelle en vidéo.

A l’origine de ce concept artistique et de cet engagement pour la santé publique, Pierre Lecaroz, directeur de la galerie Magnetic et fondateur de l’association Pôle Magnetic à Bordeaux. Il anime le fameux Mur - Modulable Urbain Réactif - lieu emblématique ancré dans les habitudes culturelles des Bordelais. « Utiliser ce support au service de la diffusion de la campagne de sensibilisation contre la grossophobie permet de véhiculer un message positif en montrant que les personnes en surpoids ou en obésité sont capables de performances. C’est l’occasion de sensibiliser les jeunes générations afin que cessent les discriminations. Ce projet, c’est une véritable aventure humaine », souligne ce défenseur de la contre-culture vivante.

Cheville ouvrière du projet, il a choisi l’artiste pour son coup de pinceau et son approche de la peinture murale. On lui doit aussi l’inspiration qui a guidé la main du fresquiste. « J’ai combiné une patineuse sur glace en surpoids qui réalise des figures difficiles pour une publicité vantant des serviettes hygiéniques et une vidéo vue sur Instagram qui montre une sportive, également en surpoids, pratiquer la gymnastique acrobatique de manière spectaculaire, détaille Pierre Lecaroz. Je me suis dit que sur le Mur, la danse pouvait constituer la fusion de ces activités. Cela m’a conduit à explorer le monde des danseuses et à trouver, à travers les boîtes à musique, le support idéal qui allait ensuite nous permettre de donner vie au sujet. »

Une délicate gestuelle sur un air de Chopin

La suite, c’est un acte de poésie murale qui s’insère sur 35 m2 d’audace qui, en dix ans, ont vu surgir près de 80 fresques. Malgré les giboulées, la grêle et le vent, Monsieur K., artiste bordelais issu du graffiti, aussi connu sous le pseudonyme Kerozen et pour son goût pour la peinture classique espagnole, trace les perspectives de la boîte à musique et les courbes de son égérie. Il y a du relief dans les subtiles arabesques, de la gaieté dans le socle de fleurs, de l’émotion dans cette muse de la tolérance. Avec précision et talent, l’artiste multiplie les silhouettes de son héroïne, les unes à peine différentes des autres. « Pour parvenir au résultat final, il a peint la danseuse, un peu en surpoids, avec son tutu et ses pointes, dans huit positions sur des lés de papier. Les sujets ont été ensuite découpés et collés sur le mur. Le vidéaste a pris huit photos à partir du même point de vue. Cette technique a permis de générer un gif animé et de voir ainsi la danseuse réaliser une circonvolution à 360°. » 

Une délicate gestuelle tournoyante qu’un air de Chopin, avec piano et violon en duo, accompagne désormais avec élégance sur la scène numérique.

Philippe Saint-Clair

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