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Obésité en Europe : l’Organisation mondiale de la santé tire la sonnette d’alarme

Dans un rapport publié début mai 2022, l’OMS estime que les taux d'obésité et de surcharge pondérale ont atteint en Europe « des proportions épidémiques » et « continuent de progresser ».

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Woman speaking to doctor

Les chiffres sont brutaux et l’inquiétude s’accroît. En Europe, près d'un quart des adultes est désormais en situation d’obésité, selon le nouveau Rapport régional européen de l’Organisation mondiale de santé (OMS) sur l’obésité 2022 (1).
Pour l’OMS, cette maladie, qui touche aussi bien les adultes que les enfants, serait responsable de plus de 1,2 million de morts chaque année. Dans son document daté du 3 mai 2022, l’OMS souligne que les taux d'obésité et de surcharge pondérale ont atteint en Europe « des proportions épidémiques » et « continuent de progresser »« L’obésité ne connaît pas de frontières. En Europe et en Asie centrale, aucun pays ne parviendra à lui seul à atteindre l’objectif mondial de l’OMS en matière de lutte contre les maladies non transmissibles, à savoir enrayer la progression de l’obésité », peut-on lire dans le rapport.(1)
Selon le rapport, 59% des adultes (63 % chez les hommes, 54% chez les femmes) et près d'un enfant sur trois (29% chez les garçons, 27% chez les filles) sont aujourd'hui soit en situation d’obésité, soit en surpoids au sein de la population européenne. Des chiffres supérieurs à ceux enregistrés dans les autres parties du monde, exception faite du continent américain.
Toujours selon l’OMS, ces hausses ont des conséquences sur la mortalité puisque l'obésité et la surcharge pondérale représentent plus de 13% des décès en Europe.(1)

L’obésité, à l’origine d’au moins 13 types de cancers, va dépasser le tabagisme comme principal facteur de risque de cancer

Dans son rapport, l’OMS indique que l'obésité accroît le risque de pathologies cardiovasculaires, de diabète, et de maladies respiratoires. « L'augmentation de l'indice de masse corporelle est un facteur de risque majeur de maladies non transmissibles, notamment les cancers et les maladies cardiovasculaires » précise le rapport.(1)
Pire : l’obésité est aussi considérée comme l'une des causes d'au moins 13 types de cancer, et directement responsables de 200 000 nouveaux cas de cancer chaque année.(1)
« On prévoit que, dans les décennies à venir, l’obésité dépassera le tabagisme comme principal facteur de risque de cancer évitable dans certains pays de la région européenne », affirme le rapport qui souligne également que « l’obésité est une maladie, et pas seulement un facteur de risque, qui doit être soignée et prise en charge de manière spécifique ».
Selon les données de l’OMS, à peine 40% des adultes européens étaient en surpoids en 1975. Depuis cette date, la prévalence de l'obésité chez les adultes s'est envolée de 138%, avec une nette progression de 21% entre 2006 et 2016.(1)

« Des efforts significatifs seront nécessaires pour inverser les effets négatifs »

L’Organisation mondiale de la santé reconnaît que les personnes en obésité et en surpoids ont davantage souffert de la pandémie de Covid-19. « Les patients souffrant d’obésité sont plus susceptibles de connaître des complications et de succomber au virus, et nombre d’entre eux ont vu leur accès aux services de prise en charge de l’obésité perturbé », reconnaissent les auteurs du rapport.(1)
En cause aussi, les confinements à répétition qui peuvent avoir provoqué de mauvaises habitudes alimentaires et une baisse de l’activité physique.
« Des efforts significatifs seront nécessaires pour inverser les effets négatifs dans les années à venir de la pandémie sur la santé de la population », précise l'OMS.
Le rapport explore également les facteurs sociétaux et environnementaux qui favorisent obésité et surcharge pondérale. L’OMS plaide pour la mise en place de taxes sur les produits sucrés et pour la réduction de la publicité à destination des enfants concernant des aliments trop gras ou trop sucrés. L’OMS estime également qu’il est urgent d’améliorer « la riposte du système de santé pour la prise en charge de l’obésité. » (1)

Philippe Saint-Clair

Références
  1. World Health Organization European Regional Obesity Report 2022
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