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Obésité

L’indice de rondeur corporelle va-t-il remplacer l’IMC ?

Au terme d’une étude menée sur les dossiers médicaux de plus de 33 000 Américains, des chercheurs estiment que la méthode de l’indice de masse corporelle, jugée incomplète et stigmatisante, n’est plus adaptée.
Pas si simple.

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Woman with obesity

L’indice de masse corporelle, communément appelé IMC, vit-il ses derniers moments ? Méthode de calcul de la masse corporelle créée en 1972 par le physiologiste américain Ancel Keys1, l’IMC pourrait bientôt laisser la place à une autre forme d’approche : l’IRC. Comprendre : l’indice de rondeur corporelle.

Cette proposition fait suite au travail mené par des scientifiques américains et chinois. Pendant vingt ans, ils ont analysé les dossiers médicaux de quelque 33 000 patients américains. Au terme de cette étude destinée à mieux évaluer les effets du surpoids et de l’obésité sur la santé, ces scientifiques suggèrent d’appréhender la question de la maladie obésité en prenant en compte le tour de taille2.
Selon ces chercheurs, l’indicateur du tour de taille permet de mieux cerner les risques sanitaires liés au surpoids et à l’obésité, en évaluant la forme du corps plutôt que le simple rapport taille poids. 

La question de la localisation de la graisse viscérale

Ces scientifiques sont partis du constat que la graisse viscérale, celle qui est enfouie profondément dans le corps, constitue un bon marqueur du risque de maladies, en particulier la graisse viscérale située au niveau de la taille. « Nos résultats fournissent des preuves convaincantes de l'application de la BRI (Ndlr : pour Body roundness index, à savoir indice de rondeur corporelle) en tant qu’outil de dépistage non invasif et facile à obtenir pour l'estimation du risque de mortalité et l'identification des individus à haut risque », expliquent les auteurs de ces travaux publiés dans la revue JAMA Network Open le 5 juin 2024. Et d'ajouter : « Ce concept nouveau pourrait être intégré dans la pratique de santé publique en attendant une validation cohérente dans d'autres études indépendantes. »

D'après ces scientifiques, un IRC élevé, notamment en raison de la localisation de la graisse viscérale autour des hanches, peut révéler un risque accru de problèmes cardiovasculaires, de troubles métaboliques et de cancers.
Dans leur communication, les chercheurs américains et chinois rappellent que l'IMC ne prend pas compte la part de graisse dans le poids d’une personne, ni sa localisation. Pas plus qu’il n’intègre les autres composantes qui définissent le poids d’une personne, à savoir les muscles, les os, l’eau et les organes.

Associer les deux méthodes de calcul

Régulièrement controversée, souvent clouée au pilori parce que jugée stigmatisante et discriminante pour de nombreuses personnes, la méthode de calcul de l’IMC se heurte depuis de nombreuses années aux questions de représentations sociales en matière de corpulence, notamment pour différencier la masse grasse de la masse musculaire3. Toutefois, eu égard à la complexité de la méthode de calcul de l’IRC, les auteurs de l’enquête scientifique publiée dans Obesity soulignent la nécessité d’études approfondies autour de l’IRC et recommandent, pour l’instant, d'associer les deux méthodes de calcul pour évaluer, au mieux, la santé physique des individus.

La remise en cause de l’IMC n’est pas nouvelle. Au printemps 2024, des chercheurs du Centre national de la recherche scientifique (CNRS) ont expliqué que l'IMC « aussi pratique qu’il soit » présente « des limites comme son incapacité à différencier la masse musculaire de la masse graisseuse »4.
Estimant qu’il est « développé à partir d’une population type, d’adultes d’âge moyen en bonne santé », les chercheurs ont conclu que « l’IMC est peu adapté à l’analyse de profils éloignés de la norme ». Pour illustrer son propos, le CNRS a pointé notamment les cas spécifiques des enfants, des personnes âgées, des femmes enceintes ou encore des sportifs de haut niveau.

Philippe Saint-Clair

Comment est calculé l'IMC ?

L’IMC permet d’estimer la corpulence d’une personne en fonction de sa taille et de son poids. Le résultat de cet indicateur est obtenu en divisant le poids de la personne concernée par sa taille au carré. Une valeur située en dessous de 18,5 correspond à une insuffisance pondérale, aussi appelée maigreur. Entre 8,5 et 24,99, cette valeur correspond à une corpulence normale. Un IMC compris entre 25 et 29,99 est associé à un surpoids. Si la valeur obtenue est située au-dessus de 30, on parle alors d’obésité. Entre 30 et 34,9, l’obésité est considérée modérée. Entre 35 et 39,9, il s’agit d’une obésité sévère et au-delà de 40, l’obésité est dite massive.

Comment est calculé l'IRC ?

Développé depuis 2013 par la professeure de mathématiques Diana Thomas, dans la revue médicale Obesity5, l’IRC est est obtenue en effectuant le calcul suivant : 364,2 - 365,5 × √(1 - [circonférence de la taille en centimètres / 2π] / [0,5 × la taille en mètres]).

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