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Obésité Société

En France, l’obésité touche 18,1% des adultes

Selon l’Observatoire Français d’épidémiologie de l’obésité (OFEO), 10 millions de Français sont en situation d’obésité (données 2024). Cette « pandémie moderne », qui ne cesse de progresser, trouve ses racines dans la dégradation de la santé mentale et la précarité. L’outre-mer est particulièrement impacté.

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Le chiffre, aussi important qu’alarmant, sort tout droit de l’étude de l’Observatoire français d’épidémiologie de l’obésité (OFEO) : 18,1% des adultes français sont en situation d’obésité (données 2024). Cela représente près d’un Français sur cinq1.

Avec 18,8%, les femmes sont plus touchées par l’obésité que les hommes (17,4%). Au niveau national, ce sont 10 millions de concitoyennes et concitoyens qui vivent avec la maladie, dont plus de 1 million en obésité massive, c’est-à-dire avec un Indice de masse corporelle (IMC) supérieur à 40.

Avec 2,5% des cas, les femmes sont deux fois plus touchées que les hommes (1,2%) par l’obésité massive. Le nombre de cas d’obésité massive dans la population masculine a doublé entre 2012 et 2024.

Un Français sur deux concerné par le surpoids ou l’obésité

Dévoilée le 20 juin 2024 par la Ligue nationale contre l’obésité (LCO)2, cette enquête menée auprès de plus de 10 000 adultes vivant en France et en outre-mer confirme la tendance à la hausse déjà observée en 20201. Si le nombre de personnes en surpoids progresse peu avec 0,5 points en quatre ans ; en revanche, la part de personnes en situation d’obésité ne cesse d’augmenter : elle a gagné 1 point en quatre ans, 3 points en douze ans et a plus que doublé depuis 1997 puisqu’à l’époque l’obésité concernait 8,5% des Français3.

Menée par l’Institut d’études Odoxa, cette nouvelle enquête épidémiologique, soutenue par le laboratoire pharmaceutique Novo Nordisk, démontre qu’en 2024, près d’un Français sur deux est concerné par le surpoids (30,7%).

16,9% des plus de 65 ans en situation d’obésité

L’étude révèle des disparités selon les âges : 22% des 18-24 ans sont en surpoids, soit largement moins que leurs parents puisque 60% des 55-64 ans sont en surpoids.

En ce qui concerne l’obésité, les chiffres enregistrés démontrent qu’elle n’épargne pas les seniors. Selon l’enquête, 16,9% des personnes de plus de 65 ans sont en situation d’obésité. Dans le détail, si 14,3% des personnes âgées de plus de 80 ans sont en situation d’obésité, ce chiffre grimpe à 20,1% pour les jeunes seniors âgés de 65 à 69 ans.

D’importantes disparités régionales

Cette « pandémie moderne » n’affecte pas les régions avec la même intensité. En Île-de-France et en Occitanie, l’obésité touche un peu plus de 15% de la population, un chiffre qui se situe sous la moyenne nationale.

En revanche, les régions des Hauts-de-France (22,2%) et du Centre-Val de Loire (21,6%) sont particulièrement impactées par la pathologie. D’autres territoires français connaissent des statistiques élevées, au-delà de la moyenne nationale. C’est le cas de la Normandie (21,6%) et du Grand-Est (19,2%).

Si l’Auvergne-Rhône-Alpes reste stable avec 16,7% des habitants en situation d’obésité en 2024 contre 16,9% en 2020. La région de la Nouvelle-Aquitaine (19,8%) affiche une tendance à la hausse préoccupante puisque quatre ans auparavant le taux d’obésité avoisinait les 16,6%.

Two overweight women doing yoga

Les territoires ultramarins sévèrement impactés

L’enquête 2024 s’attarde également sur la population ultramarine. Le focus porté sur les départements et régions d’outre-mer (Drom-Com) indique que 51,8% des habitants sont en surpoids ou en obésité. C’est trois points de plus que la moyenne nationale (48,8%).

Un zoom porté sur l’obésité atteste d’une situation particulièrement inquiétante dans les territoires ultramarins : 22,4% des habitants sont en situation d’obésité, soit 4,3% de plus que la moyenne nationale. Selon Annick Fontbonne, épidémiologiste à l'Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) et présidente du comité scientifique de la Ligue contre l'obésité, l’explication est multiple : « C’est multi-factoriel. Il y a probablement des facteurs génétiques dans certains territoires comme la Polynésie, mais pas seulement. Le facteur précarité doit jouer : on sait que l'obésité est plus fréquente dans les classes sociales défavorisées. »

Un quart de personnes en situation d’obésité confrontées à des difficultés économiques

Selon la Ligue nationale contre l’obésité, la dégradation de la santé mentale de la population constitue l’une des explications de ces chiffres alarmants. L'étude démontre que 22% des personnes en situation d’obésité sévère sont traitées pour un trouble psychologique. C'est quatre points de plus qu'il y a quatre ans. « Cette augmentation des troubles mentaux associés à l’obésité souligne l’importance d’une approche intégrée pour traiter à la fois l’obésité et ses effets psychologiques », commente la Ligue contre l’obésité.

L’association cite également le contexte économique qui s’est dégradé ces dernières années. Selon les données recueillies, il existe une corrélation significative entre la situation financière des foyers et l’IMC des individus : 24,7% des personnes en situation d’obésité déclarent devoir affronter des difficultés économiques qui influent fortement sur leur santé.

Pour la chercheuse de l’Inserm, les causes sont multiples : « L'inflation est en cause, mais aussi le fait qu'il y a beaucoup de foyers en insécurité alimentaire. Ils n'arrivent pas à s'alimenter correctement avec des aliments de bonne qualité nutritionnelle. Ces personnes achètent les produits les moins chers, et ce sont des produits industrialisés, trop gras, trop salés, trop sucrés », a-t-elle déclaré au micro d'Europe 14.

Ouvriers et employés, catégories socio-professionnelles les plus touchées

L’enquête OFEO explore également la répartition du surpoids et de l’obésité selon les catégories socio-professionnelles. Selon les éléments collectées, les ouvriers (53,5%) et les employés (47,3%) présentent les taux les plus élevés de surpoids et d’obésité. Les professions intermédiaires (46,1%) et les cadres (41,2%) sont moins impactés par la maladie.

Seule bonne nouvelle dans ce classement socio-professionnel, entre 2020 et 2024, on observe une légère diminution de la prévalence globale du surpoids et de l’obésité. La baisse la plus significative se remarque chez les ouvriers (59,6% en 2020 contre 53,5% en 2024). Un score à pondérer toutefois, car les taux élevés d’obésité sévère relevés parmi les ouvriers (4,1%) et les employés (5%) indiquent une persistance des formes graves de l’obésité dans ces catégories.

Pour la LCO, « il est urgent de renforcer les efforts de prévention et de prise en charge »

Fléau en voie de développement à la fin des années 1990, l’obésité est devenue « une pandémie moderne au lendemain du Covid » alerte la Ligue contre l’obésité qui estime qu’il est impératif d’intensifier les efforts de sensibilisation, de prévention et de traitement, en mettant particulièrement l’accent sur les populations les plus à risque.

Dans son communiqué, la LCO indique que « les chiffres de la prévalence de l’obésité en France attestent d’une crise sanitaire et sociale majeure dont il faut prendre acte et agir (…). Il est urgent de renforcer les efforts de prévention et de prise en charge pour inverser cette tendance ».

L’Organisation mondiale de la santé (OMS) prévoit qu’un Français sur 4 pourrait être touché par l’obésité en 20305. Au niveau international, une étude publiée dans la revue scientifique The Lancet à l’occasion de la Journée mondiale contre l’obésité le 4 mars 2024 révèle que la maladie touche désormais plus d’un milliard de personnes dans le monde.

Selon cette enquête menée conjointement par l’OMS, entre 1990 et 2022, le taux d'obésité dans le monde a quadruplé chez les enfants et les adolescents, et doublé dans la population adulte.6

Philippe Saint-Clair

Méthodologie du sondage Odoxa

L’étude OFEO (Observatoire français d’épidémiologie de l’obésité) a été réalisée par l’Institut d’études Odoxa auprès de 10 410 personnes âgées de 18 ans et plus  (10 006 en France métropolitaine, 404 en France d’Outre-mer).

La représentativité a été assurée par les méthodes des quotas appliqués aux variables suivantes : sexe, âge, niveau de diplôme, profession de l’interviewé, stratification par région, zone géographique et catégorie d’agglomération.

Références
  1. Enquête épidémiologique nationale sur le surpoids et l’obésité. Odoxa.fr - 31.01.2025
  2. Lutte contre l’obésité : La Ligue Nationale contre l’Obésité dévoile une nouvelle études épidémiologique. OFEO. 21/06/2024. liguecontrelobesite.org - 31.01.2025
  3. INSERM. Obésité et surpoids : près d’un Français sur deux concerné. État des lieux, prévention et solutions thérapeutiques. 20 Fév 2023. presse.inserm.fr
  4. Obésité : comment endiguer cette maladie qui touche un adulte sur cinq en France ? europe1.fr - 31.01.2025
  5. Laura Webber, Diana Divajeva, Tim Marsh, Klim McPherson, Martin Brown, Gauden Galea, Joao Breda. The future burden of obesity-related diseases in the 53 WHO European-Region countries and the impact of effective interventions: a modelling study. BMJ Journals
  6. Worldwide trends in underweight and obesity from 1990 to 2022: a pooled analysis of 3663 population-representative studies with 222 million children, adolescents, and adults. Phelps, Nowell H et al. The Lancet, Volume 403, Issue 10431, 1027 - 1050
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