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A Strasbourg, Léontine dessine la fresque des corps qui dansent sur l’eau

Sur proposition de l’association Colors, Léontine Soulier a réalisé une illustration murale de 11 m de long dans une rue de Strasbourg.
On y découvre l’acceptation de tous les corps dans une ambiance marine.

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Nos Dessins Pour L'avenir

Six personnages, trois qui dansent sur une ligne de flottaison, deux au repos qui profitent de la fraîcheur aquatique, un qui goûte les joies de l’eau dans sa belle bouée jaune, des poissons tranquilles, quelques algues et coraux apaisés, une gentille méduse, des arbres qui puisent leur énergie à la source…
Léontine a déposé, en ce début mars 2024, le bleu de l’eau et de l’horizon, en plein coeur de Strasbourg.

Là, rue de Sarrelouis, tout près de la gare SNCF et à deux pas de la place des Halles, l’illustratrice a exprimé, sur 11 mètres de long et quatre de large, sa vision d’un monde tolérant. Un monde éclairé par un soleil rose qui raconte l’histoire de ces personnages mi-Botero mi-Niki de Saint Phalle, mi-joyeux mi-pensifs, profitant de l’instant présent, dans un univers aussi maritime que bienveillant.

« On n’a pas le droit de porter un jugement sur l’apparence physique »

Sur cette fresque immense et pérenne, tout est léger. La tonalité bleue ponctuée de touches jaune joue sur un contraste qui capte l’attention : aérien en bas, profond en haut. S’appuyant sur un renfoncement du béton, Léontine Soulier a créé sa perspective pour transmettre son message. « En croquant des personnages aux formes différentes et en maillot de bain, comme on peut le voir dans la vraie vie au bord de l’eau, je montre que tous assument leurs corps et qu’ils n’ont pas en avoir honte. Ils passent un bon moment entre eux. C’est une façon de dire aux autres que le regard de la société doit changer et qu’on n’a pas le droit de porter un jugement sur l’apparence physique et sur les personnes en situation d’obésité », explique la dessinatrice.

Native des forêts de Lorraine, Strasbourgeoise depuis vingt ans, Léotine a toujours aimé s’exprimer par les crayons et la peinture. Diplômée de la faculté d’Arts plastiques, elle participe régulièrement à des expositions, des festivals d’art urbain, illustre des livres et édite des ouvrages comme celui, publié il y a deux ans, qui évoque l’avortement. « On y trouve déjà une très influence aquatique… », se souvient la jeune fresquiste très inspirée par le monde des marées.

Prendre un bain d’humanité

Lorsque l’association Colors Urban Art, avec qui elle collabore depuis sept ans, lui a proposé le challenge de la lutte contre la grossophobie, Léontine a imaginé la scène. D’abord en se rendant sur place pour assimiler les proportions du mur et de l’environnement urbain, ensuite en ébauchant une esquisse, puis en optant pour la matière et les outils. « Réaliser une oeuvre de street art sur plusieurs jours nécessite de l’organisation, commente-t-elle. Il faut des échelles, un lieu pour stocker le matériel, surveiller la météo, s’adapter au relief du mur » raconte celle qui a accompli tout un travail préparatoire sur la surface. Une sous-couche de rose sur la partie haute, une sous-couche blanc sur la partie basse. « Cette technique permet de donner de l’aspérité et du relief afin d’éviter que le dessin n’apparaisse ensuite trop lisse. Les couleurs gagnent aussi en profondeur », commente Léontine. Pratiquer le street art en grand format n’exclut pas ni le souci du détail, ni la responsabilité artistique.
Jour après jour, l’œuvre prend vie à gros coups de rouleau pour les fonds, à coups de pinceaux précis pour les tracés. Des cinq kilos de matière et du décor ambiant, surgissent les silhouettes de la fresque qui s’inscrit dans le cadre de la campagne de sensibilisation ‘’Nos dessins pour l’avenir’’ qui vise à lutter contre les discriminations. Un engagement social qui, en Alsace, passe par le rendez-vous pictural de Léontine. Y faire un tour pour découvrir son travail, c’est prendre assurément un bain d’humanité.

Philippe Saint-Clair

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